fammerée
1
Ephemerae
I could not sleep while you slept.
Any little animal might have sheltered
in your body; and I kept
leaves from your eyes and things from your hair
until your lips revived, bending
back my fingers to the lessons
of water and thirst. Fires that night
digested the wet, and when their long viridian
became your arms and a delirium
became our legs, threads
relinquished us, and we were not puppeted
by earth, and we were not puppeted
by heaven. We became
larger than form and texture and scent--
something like clouds--and fear was driven
from the manger of our bellies, and anger's thin
lips could not diminish us. We ate everything
that was red,
and everything red
was delicious. My sap was greening
your milky body, then your legs slapped.
They slapped into fins and you arced
and my chin and
ear separated, and silver and more silver and silver
again, I quivered behind you.
Ephemerae [#1]
© 2000 Fammerée
“Ephemerae” appears in Lessons of Water & Thirst,
a book of poems by Richard Fammerée.
Photograph by Susan Aurinko,
Ephemerae, first archival recording
Ephémères (Français)
Je ne pouvais pas dormir pendant que tu dormais.
N'importe quel petit animal avait pu se réfugier
dans ton corps; et j'enlevais
des feuilles de tes yeux et des petites choses
de tes cheveux
quand tes lèvres se ranimèrent et revinrent
à mes doigts aux leçons
de l'eau et de la soif. Les feux cette nuit-là
digérèrent l'humidité et quand leurs longs viridiens
devinrent tes bras et le délire
nos jambes, les fils
nous lâchèrent et nous n'étions plus pantinisés
par la terre et nous n'étions plus pantinisés
par le ciel. Nous devînmes
plus grands que la forme, la texture et l'odeur--
quelquechose comme des nuages--et la peur était chassée
de la crêche de notre ventre, et les lèvres pincées
de la colère ne pouvait nous entamer.
Nous avons mangé tout
ce qui était rouge,
et tout ce qui était rouge
était délicieux. Ma sève verdissait
ton corps laiteux, puis tes jambes claquèrent.
Elles claquèrent en nageoires. Tu te cambras,
mon menton et
mon oreille se détachaient, et le vermeil et plus
de vermeil et le vermeil encore, je tremblais
derrière toi.
In Evora there is a church
and the church was once a mosque
and the mosque was once a church
and the church was once a temple
in the time of the Romans
Behind the altar there is a false tomb
and beneath a Christian name there are thousands of years
of roots writhing through stone
and water echoes up vertebrae which must have been steps
and its light is the juice of emeralds
Now, consider the well that is my throat
and the pool that is my chest
What does one do when a well has been capped
for so many generations?
Is water safe in the stomach?
How did I become addicted to a self-imposed periphery,
its tithes, its prick and its poison?
Can all of this be unlearned in one generation,
one season, one summer?
My grandfathers and grandmothers
and their grandparents meet for the first time in me
I carry them to familiar places
I am their hands, their thighs, their nose,
their eyes, their lips, their teeth, their tongue
How did I become addicted to a self-imposed periphery,
its tithes, its prick and its poison?
Can all of this be unlearned in one generation,
one season, one summer?
I am the voice and the body now
and all that is closed will be opened
and all that hurts will be repaired
and all that sleeps without dreaming will be green again
In Evora there is a church
Inside the church there is a tomb
and inside the tomb there is a cistern
Inside the cistern there is water
and it’s light is the juice of emeralds
Evora [#2]
© 2000 Fammerée
“Evora” appears in Lessons of Water & Thirst,
a book of poems by Richard Fammerée.
Photograph by Susan Aurinko,
Evora, music composed by the artist
Evora (Français)
A Evora il y a une église
et avant l'église il y avait une mosquée
et avant la mosquée une église
et bien avant encore un temple romain
Derrière l'autel il y a un faux tombeau
et sous un nom chrétien des centaines d'années
de racines s'enchevêtrent à travers la pierre
et l'eau résonne dans ces vertèbres qui devaient être des marches
et sa lumière est la sève des émeraudes.
A présent, imagine que le puits est ma gorge
et l'étang ma poitrine
Que fait-on quand la source est enfouie
sous tant de générations?
L'eau est-elle toujours intacte en son ventre ?
Comment me suis-je laissé aliéner par cette périphérie imposée,
ses dîmes, ses piqûres, ses poisons?
Tout cela peut-il être désappris en une génération,
une saison, un été?
Mes grands-pères et mes grands-mères
et leurs grands-parents se rencontrent en moi pour la première fois
Je les conduit[s] dans des endroits qui leur sont familiers
Je suis leurs mains, leurs orteils, leur nez,
leurs yeux, leurs lèvres, leurs dents, leur langue
Comment me suis-je laissé aliéner par cette périphérie imposée,
ses dîmes, ses piqûres, ses poisons?
Tout cela peut-il être désappris en une génération,
une saison, un été?
Je suis la voix et le corps maintenant
et tout ce qui est fermé s'ouvrira
et toutes les blessures seront réparées
et tous ces sommeils reverdiront
A Evora il y a une église
et dans l'église il y a un tombeau
et dans le tombeau il y a une citerne
et dans la citerne il y a l'eau
et sa lumière est la sève des émeraudes
I walk among the whores of Sfakia, the once beautiful
sons and daughters hoarding fragments, lording and ladying
and burning from the altars of their lips all instinct
still migratory.
For them the paths of scree to the promontory
decay at the turning of the sky. They hobble to the one tree
where an attendant is also a boatman and negotiate
a passage back.
I am pressed to vertical
earth, hatless, mapless and without sunglasses.
Golden bellied birds flash in a swift geometry upon lapis
lazuli, and I tremble with the thrill
of superstition: What spirits are these? Whose soul cries
from the mouth of the ass?
Now, the water is a Leviathan
and ready to swallow.
It thrashes about, not content with its containment,
neither convinced nor concerned that lungs
need land.
The whores of Sfakia wheeze and sleep with mouths open
and lamps glaring and garments pressed to their eyes.
If their messiah were to come in the night,
I could not follow, for this is not a Diaspora, and the Son
and the Father are only one half
of one God.
I wonder why the earth supports us. We expect so much
and renew so little.
It's Hero and husband, back and forth and up
and down, scattering bones of aborted destinies.
He first slurred the ancient name
of this place, Khóra Sfakia--The whores of Sfakia, he announced
and everyone laughed, then laughed again and laughed
all the next day.
Now, she and he and I are pinks upon the sand.
We offer our knees to the waves, and Hero calls, and her call
takes the body of a gull.
Each of us awakes from the truth of dreams to the lives
of our own making.
The sea moves her skin and enters me.
I do not fear translucence. I do not fear this pregnancy,
for I am with me.
Khóra Sfakia [#3]
© 2000 Fammerée
“Khóra Sfakia” appears in Lessons of Water & Thirst,
a book of poems by Richard Fammerée.
Khóra Sfakia, music composed by the artist
Khóra Sfakia (Français)
Je marche parmi les whores of Sfakia, la beauté d'autrefois
de ces fils et de ces filles ammassant des fragments, à la pose princière et brûlant de l'autel de leurs lèvres tout reste d'instinct migratoire.
Pour eux les chemins de débris vers le promontoire
disparaissent au tournant du ciel. ils clopinent vers un arbre où un gardien est aussi passeur et négocient leur retour.
Je suis retenu à la terre verticale,
sans chapeau, sans carte et sans lunettes de soleil.
Des oiseaux au ventre doré étincellent en une brève géométrie sur le lapis lazuli, et je tremble d'un frisson de superstition: Que sont ces esprits? Quelle âme hurle de la gueule de l'âne?
A présent, l'eau est un Leviathan
prêt a tout avaler.
Il se bat, non content de ce qu'il renferme,
ni convaincu ni soucieux de savoir que les poumons
ont besoin d'une terre.
Les whores of Sfakia sifflent et dorment la bouche ouverte
sous la lumière éblouissante, un tissu posé sur les yeux.
Si leur messie devait venir dans la nuit,
je ne pourrais pas le suivre, car ceci n'est pas une Diaspora, et le Fils et le Père ne sont que la moitié d'un Dieu.
Je me demande pourquoi la terre nous supporte.
Nous attendons tant d'elle et lui offrons si peu.
C'est Héro et le mari qui sautillent d'avant en arrière, de haut en bas dispersant les ossements des destins avortés.
Il fut le premier à souiller l'ancien nom de cet endroit: Khóra Sfakia--Les Whores of Sfakia, proclama t-il. Tout le monde rit puis rit encore et rit le lendemain.
A présent elle lui et moi sommes de petites choses roses
sur le sable.
Nous offrons nos genoux aux vagues et Hero appelle et son appel prend la forme d'une mouette.
Mais leurs vacances s'achèvent et ils n'ont plus le temps de nager.
Chacun de nous s'éveille de la vérité des rêves à la vie que nous bâtissons.
Le mer fait onduler son corps et me pénètre.
Je ne redoute pas la transparence.
Je ne redoute pas cette grossesse car
je suis avec moi.
Our Mother who art in everyone,
everything is thy name.
Thy garden serene, thy waters green
the earth as they blue the heavens.
Thank you for our daily bread and the blessing
that no one can be satisfied until everyone is fed.
Forgive our ignorance as we forgive
those who ignore you in each of us.
Lead us from fear and deliver us from anger
and anxieties,
for life is a ripening to return to you, to feed you,
to seed you,
to be reborn forever and ever
Again
Notre Dame [#4]
© 2000 Fammerée
Notre Dame and accompanying music were offered in the World Festival of Sacred Music.
The final draft of the poem was completed in a Bedouin camp at the foot of Mount Sinai and first whispered into a full moon reflecting up from the Red Sea upon the eve of Passover.
The first public recital of this “lost half” of The Lord’s Prayer
was shared on Easter morning, 2000, in Jerusalem.
Notre Mère qui est en nous,
tout est ton nom.
Que ton jardin soit serein, que tes eaux verdissent
la terre comme elles bleuissent le ciel.
Merci pour notre pain quotidien et le bonheur
d'être certain qu'aucun ne sera rassasié avant
que chacun mange a sa faim.
Pardonne-nous notre ignorance comme nous pardonnons
à ceux qui t'ignore en chacun d'entre nous.
Ne nous soumets pas à la peur mais délivre-nous
de notre colère et de nos tourments,
Car c'est a toi que revient la maturation de la vie,
pour te nourrir, t'ensemencer et
renaître pour les siècles des siècles
Encore
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